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  • Charles Antoine Verly
  • Retraité vivant à Saint Hilaire du Bois, je suis toujours prêt à diffuser des informations concernant la région de Sainte Hermine en Vendée.
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19 décembre 2009 6 19 /12 /décembre /2009 15:21

 

Nous devons à Madame Henriette Pilastre cet insolite article paru en 1843 dans Le Patriote Vendéen. Il nous donne l’occasion de rappeler l’histoire du cimetière protestant de Sainte-Hermine.

 

DE  L’USAGE  DES  CHAMPIGNONS

 


On nous écrit de Sainte-Hermine, le 29 octobre 1843.

Un évènement grave, et dont les circonstances ont été vraiment déplorables, vient d’avoir lieu récemment à Sainte-Hermine.

Le 19 octobre dernier, une famille composée d’un homme, d’une femme et de trois enfants, entassés dans un véhicule lui servant à la fois de dortoir et de salle à manger, vint élire son domicile sous la halle même de la ville. Le lendemain, chacun s’empressa de remplir le rôle qui lui était assigné. Les enfants firent leur petite récolte dans le voisinage, et le père, de son côté, vendait des galons et des allumettes chimiques. Tandis que la femme, initiée à la science du divin Esculape, s’occupait à soulager l’humanité souffrante.

Le jour suivant, les enfants parcoururent la campagne et firent une abondante récolte de champignons, aussi le soir même, une forte odeur de graisse empreinte encore du parfum de ce dangereux comestible, vint-elle frapper l’odorat des habitants du quartier. Le souper fut délicieux ; mais hélas ! Que d’angoisses devaient succéder à cet instant de réjouissance…

La femme, un petit garçon de six ans, une jeune fille de douze ans et un chien, leur fidèle compagnon de voyage, avaient seuls pris part au festin, le père n’ayant pas voulu y toucher et l’autre enfant s’étant trouvé absent. Les douleurs les plus atroces ne tardèrent pas à se faire ressentir ; la nuit et le dimanche se passèrent dans les tourments et les tortures les plus épouvantables. Ils étaient empoisonnés. Cachant pour ainsi dire au public la cause de leur malheur, ils eurent beau employer et le lait et l’huile qui leur furent abondamment fournis par les habitants, rien ne put alléger leurs cruelles souffrances !... Enfin la malheureuse femme succomba dans la nuit, et le matin, ce fut un horrible spectacle lorsqu’il fallut arracher de ce repaire fétide et dégoûtant un cadavre livide et échevelé… M. le Maire, informé de ce qui se passait, fit transporter le corps dans une maison voisine et, faisant appel à l’humanité de ses citoyens, avec ce zèle qui le caractérise, trouva le moyen de placer à l’auberge cette malheureuse famille et de lui prodiguer les secours qu’exigeait sa position.

M. le Curé, appelé sur les lieux en même temps que l’autorité, n’ayant pas cru accorder à cette femme les honneurs de la sépulture, sous prétexte qu’il existait de l’incertitude sur la nature de sa croyance religieuse – les uns, en effet la disaient catholique, les autres protestante – le maire n’hésita pas alors à lui donner place dans le cimetière des protestants, et accompagna lui-même la dépouille mortelle du pauvre abandonné… Heureux celui qui ne juge pas son frère et qui, plein de confiance dans la miséricorde divine, ne craint pas d’implorer l’Éternel en faveur de celui même qui l’aurait malheureusement méconnu.

Ce jour-là, le chien succomba à son tour ; puis deux jours après le jeune garçon, et aujourd’hui encore la fille est en grand danger.

On ne saurait appeler trop souvent l’attention publique sur le danger qu’il peut y avoir à faire usage des champignons, lorsque l’on n’est pas positivement fixé sur leur caractère vénéneux ou alimentaire, ni signaler avec trop de persévérance les nombreux accidents qui chaque année sont la suite de ces coupables imprudences. 

 

Nous voulons tout de suite rassurer nos lecteurs ; la fillette de douze ans n’est pas décédée à la suite de cet accident..

L’état-civil de Sainte-Hermine nous permet de connaître qui étaient les malheureux mangeurs de champignons :.

- Suzanne Marie AUDRIN, née à Uzel (Côtes du Nord) ; elle avait 64 ans et était mariée à Vincent URVOI.

- Pierre Jean Baptiste ASSELIN, natif de Chaillé-les-Marais, était le fils de Joseph Thélémaque ASSELIN et de feue Marie DUCHAIGNE, il avait 6 ans ½ .

 

Les malheureux furent donc inhumés dans le tout nouveau cimetière protestant.  Ne cherchez pas leurs tombes, il n’a pas été installé de pierre tombale ; on sait seulement qu’ils ont été enterrés en entrant dans la nécropole, sur la gauche.  

 

Cim prot Tombe David 

Monument funéraire de M. David et de ses deux femmes

Cimetière protestant de Sainte-Hermine

 

Les cimetières de Sainte-Hermine

 

C’est à la suite du décès de sa première épouse, en 1838, que M. Louis-Philippe Aimé DAVID, le maire, de confession protestante, décida de créer une nouvelle nécropole communale. A cet effet il acheta des terrains et décréta qu’il y aurait deux parties inégales : la plus grande, réservée aux catholiques et l’autre pour les protestants. Il fit clore le terrain destiné aux adeptes de la religion réformée. Et fit don de la totalité de la nécropole à la Commune (acte de donation en 1843). 

L’ancien cimetière communal était situé à la sortie de Sainte-Hermine, en contrebas de la route, sur la commune de Thiré. Il était inondable et insalubre, les inhumations y étaient impossibles en hiver.  Les enterrements y seront interdits à partir de 1845. Puis la plupart des sépultures seront transférées dans les nouvelles nécropoles et le terrain vendu. L’argent de cette vente fut employé à la clôture de la partie catholique.

Il succédait à une vieille nécropole située autour de l’église actuelle. L’ossuaire, encore existant, a été construit en 1847 pour y déposer les ossements recueillis lors de la construction d’une nouvelle église et de la désaffectation de l’ancien cimetière.

 

.                                                                                                                                A. B.

 

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