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  • Charles Antoine Verly
  • Retraité vivant à Saint Hilaire du Bois, je suis toujours prêt à diffuser des informations concernant la région de Sainte Hermine en Vendée.
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1 décembre 2009 2 01 /12 /décembre /2009 10:27

Le compte rendu suivant n'est pas celui d'une visite organisée et que vous auriez malencontreusement manquée, Il s'agit d'une visite d'Octave de Rochebrune en ... 1890 que j'ai retrouvé en fouillant sur la toile. Malheureusement le résultat du scan sur la revue du Bas-Poitou est assez mauvais et il y a quelques mots dont je suis pas certain à 100 pour 100.

Mais suivons le guide :

 

Nous partons à ? heures 1/2 et suivons la charmante vallée qui s'étend depuis Sérigné jusqu'à l'Hermenault. En traversant les majestueuses allées plantées d'ormeaux de la belle terre de Claveau, nous voyons encore les traces du désastre causé par le cyclone du 22 janvier 1890 ; nombre de ces arbres énormes gisent couchés sur le sol par cette affreuse tourmente : nous nous arrêtons à la Chapelle-Thémer, où nous examinons dans l'ancien cimetière de la commune les cinq pierres tumulaires des sires de Bodet. La plus ancienne remonte au XII° siècle, les autres sont des XIII et XIV siècles. La croix du même cimetière, aujourd'hui en partie renversée, date également du XIV° siècle. Trois grandes figures de saints, d'un travail médiocre, entourent sa tige. L'église, ancienne chapelle du vieux château de Bodet, n'offre qu'un faible intérêt. Le pilier soutenant le clocher présente seul un accouplement de colonnes et des chapiteaux XIV° siècle d'un effet agréable. J'attire l'attention de mes collègues sur les vieux ormeaux du temps de Sully, dont les troncs décrépits entourent encore la place de l'église. Nous donnons ensuite un coup d'œil à la tour de Bodet, bâtie en 1620 ou 1630, à quelques vieilles cheminées XV° siècle existant dans les vastes appartements habités par Duplessis-Mornay ; puis nous gagnons le Fougeroux, et en repartons immédiatement afin de constater la situation du dolmen de Thiré. Depuis que je ne l'avais vu, la chambre intérieure a été complètement vidée des pierrailles qui l'obstruaient ; l'entrée est à l'est; le fond est fermé par une pierre granitique de 5 mètres de longueur sur 2 de hauteur ; la tablette de recouvrement n'existe plus, ainsi que plusieurs blocs des fermetures latérales. Nous apercevons de ce point élevé l'ancienne chapelle de l'hôpital, située dans le bourg même de Thiré. Il y a une très grande analogie entre cette bâtisse et N.-D. de Foussay ; même plan par terre, même voûte en berceau. Ici nous sommes en plein XIII° siècle; une frise peinte, de la même époque, se distingue encore dans tout le pourtour de la nef ; elle se compose de feuillages courants et de rubans plissés. Comme à Foussay, l'édifice a été cerclé de contreforts aux XIV° et XV° siècles ; on y a monté une façade à cette dernière date. 


L'église paroissiale a bon aspect, comme monument rural : elle est à chevet plat, percé d'une grande baie ogivale à meneaux, aujourd'hui obstruée par un rétable Louis XV. Toutes ses travées sont voûtées. Sur l'autel, le XIII° siècle règne en maître ; ailleurs le XIV° et le XV° s'épanouissent ; nous signalons une jolie crédence du XVl° siècle dans le bas côté de l'épître. On y voit également de beaux bénitiers en marbre rouge et un riche autel de même matière, qui, nous a-t-on dit, devait provenir de la chapelle du château de l'Hermenault.

 

 

A onze heures 1/2, nous regagnons le Fougeroux où un plantureux déjeuner nous attend. A une heure, nous remontons en voiture afin de gagner la Caillère, but principal de notre expédition archéologique. Nous avions hâte de nous rendre compte de l'aspect des restaurations exécutées à ce vieux monument des XI° et XIl° siècles par l'habile architecte, M. Libaudière, sous l'inspiration de M. le curé du lieu, adorateur passionné de son antique église. La façade, remontée d'après son ancien type architectural, a très bon air. Ainsi que presque toutes les églises romanes de la contrée, le rez-de-chaussée se divise en trois sections perpendiculaires, formées par les deux contreforts rectangulaires d'angle et deux fortes colonnes cantonnant la porte plein cintre décorée de trois archivoltes. Celle-ci est accompagnée, à droite et à gauche, d'arcatures dont la base des colonnes de support repose sur le tailloir prolongé des chapiteaux de la baie centrale. Ces arcatures, très étroites, correspondent aux bas côtés si rétrécis de l'intérieur. Une fenêtre également plein-cintre à double archivolte éclaire la nef. Le tailloir des colonnes de support de son archivolte se prolonge et forme cordon sur le chapiteau des grosses colonnes cantonnant la porte d'entrée. Nous eussions désiré ce cordon placé plus bas, d'un profil plus fort, avec modillons, et servant pour ainsi dire d'appui à la fenêtre centrale, ainsi que cela a été exécuté par nos architectes bas-poitevins dans presque toutes les églises romanes de la contrée. L'entablement des murs latéraux se profile en façade, découpant ainsi, avec le pignon de l'église, un fronton de temple antique ; le tympan en est occupé par une arcade trilobée qui ne nous semble pas conforme au type poitevin. Tous les modillons de la tour carrée élevée sur le transept eussent gagné en légèreté à être chanfreinés comme ceux des angles. A part ces légères critiques, tout l'ensemble du portail et des contreforts des murs de la nef est exécuté avec soin et présente un coup d'œil des plus satisfaisants. Les piles intérieures surtout, accostées de leurs quatre colonnes cylindriques , ont été reprises avec infiniment de soin et d'entente. Rien n'a été modifié dans les étranges petits bas-côtés dont le plan par terre et d'élévation est à peu près unique dans tous les édifices religieux de cette époque : l'architecte d'alors a sans doute été préoccupé de la pensée de trouver, à l'intérieur de l'édifice, une résistance suffisante à la poussée des maîtresses-voûtes en berceau de la nef, en faisant disparaître dans l’église elle-même ces contreforts, comme cela devait être pratiquée, deux siècles plus tard, dans la magnifique basilique d'Alby. En résumé, lorsque toutes les archivoltes du rez-de-chaussée de la façade de l'église de la Caillère auront vu reproduire exactement la vieille ornementation de chacun de leurs claveaux, elles n'auront rien à envier à nos plus intéressantes bâtisses du XII° siècle. Pour ce faire, il importera de mettre sous les yeux de l'ornemaniste, non pas

un simple dessin plus ou moins exactement relevé, mais la vieille pierre elle-même sortie du ciseau de l'artiste roman, qui a pu s'appeler lui aussi Audebertus, car tout le rez-de-chaussée de la Caillère rappelle la donnée architectonique de l'église de Foussais.

Toutes nos félicitations à M. le curé et à l'intelligent architecte qui ont su faire revivre, dans son ancienne splendeur, un des plus intéressants édifices de la contrée.


Terre-Neuve. 25 juin 1890.

 


0. DE ROCHEBRUNE.



Sources : http://www.hpcsh.com/ext/http://www.archive.org/stream/revuedubaspoitou03foun/revuedubaspoitou03foun_djvu.txt


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